Davidson : « Je n'arrêtais pas de creuser l'écart, mais il revenait chaque fois! »

L'annonce de la retraite de Nicolas Lapierre la semaine dernière a été accueillie avec un respect et une attention particulière envers un pilote qui a réussi une carrière remarquable dans plusieurs disciplines.

Si ses statistiques et ses exploits  sont impressionnants tant en qualité qu’en quantité, les relations de Lapierre avec certains de ses équipiers sont tout aussi mémorables.

Tout au long de sa carrière, le double champion du monde a fait équipe avec des légendes du sport automobile, d'Olivier Panis à Sébastien Buemi, en passant par Alexander Wurz, Stéphane Ortelli et Pipo Derani.

Parmi ses équipiers, on retrouve également Anthony Davidson et Richard Bradley, qui ont tous deux connu le succès avec Lapierre - le premier l'a épaulé pour remporter des victoires en WEC à Silverstone et Spa-Francorchamps en 2014, et le second a triomphé aux côtés du haut-Savoyard en LMP2 lors des 24 Heures du Mans un an plus tard au volant de l'Oreca-Gibson de KCMG.

Chacun d'eux a ses propres souvenirs de course aux côtés du pilote français et ont confié à fiawec.com les des moments forts qu'ils ont vécus en partageant le cockpit avec cet équipier aussi charmant que compétitif.

Davidson : « Un compétiteur fantastique ».

« Nous avons fini par devenir équipiers en 2014, mais ce n'était pas la première fois que je rencontrais Nico. 

C'était en fait à l'époque où j'étais chez Peugeot, en 2010, lors de la course Intercontinental Le Mans Cup (ILMC) des 1 000 km de Silverstone. Je partageais une Peugeot 908 HDi FAP avec Nicolas Minassian, et ORECA faisait rouler sa propre Peugeot dans la même course avec Nico [Lapierre] aux côtés de Stéphane Sarrazin.  

Les deux équipes de pilotes sont restées très discrètes. J'avais évidemment beaucoup entendu parler de Nico Lapierre avant cela, mais j'étais chez Peugeot. Je faisais mon travail et j'étais amoureux de cette voiture. J'ai vraiment accroché avec elle. Nous avons échangé avant le départ, nous disant qu’il ne fallait pas être stupides l'un envers l'autre pendant la course et je me souviens avoir pensé : « C'est ma voiture, je suis en pole position et tout va être aisé. Pas besoin de s’en faire… » 

« J'ai pris un peu d'avance, environ quatre secondes, et puis il était dans mes rétroviseurs. J'ai ensuite creusé un autre écart, mais il a continué à revenir et il était encore là, dans mon sillage À ce moment-là, je prends de plus en plus de risques, je pousse et il est toujours là jusqu'à la fin du premier relais. Ce satané Lapierre s'accrochait avec la voiture client et je n'arrivais pas à le distancer. C'était une première performance assez impressionnante dans une voiture qu'il ne connaissait pas, et le reste appartient évidemment à l'histoire puisque nous sommes devenus équipiers chez Toyota et qu'il est devenu très clair qu'il allait toujours me suivre, et parfois même être plus rapide, parce qu'il était incroyablement rapide et talentueux. »

« C'était aussi un équipier très agréable en course et j'ai d'excellents souvenirs de mes victoires avec lui à Silverstone et à Spa. C'était un compétiteur fantastique, mais surtout un professionnel brillant et quelqu'un avec qui il était agréable de passer du temps. »

Bradley : « Un plaisir de courir avec lui ».

« En 2015, c'était mon deuxième Le Mans et le troisième pour Matt Howson. Personnellement, j'étais un peu nerveux au moment d'aborder cette course et j'avais encore une mentalité de monoplace. 

Mais ce que Nico a montré lorsqu'il nous a rejoints chez KCMG, c'est que même s'il était passé du LMP1 au LMP2, il n'essayait pas de prouver quoi que ce soit et c'était tout simplement un plaisir de partager le volant avec lui. »

« Nico était juste là pour faire son travail, être professionnel et s'amuser. Il était évidemment extrêmement rapide et c'était bien pour moi, en tant qu'aspirant Pro à l'époque, d'avoir quelqu'un d'aussi rapide dans la voiture parce qu'il me montrait où je pouvais m'améliorer sur la base de son expérience et il était super généreux quand il s’agissait de transmettre ses connaissances. »

« Nico est un type formidable et, en 2015, il a fait tout ce qu'il fallait, et même plus. Il n'y avait pas d'ego démesuré chez lui ; il était heureux que je fasse les qualifications ou autre chose et nous étions une équipe vraiment bien équilibrée cette année-là, ce qui a largement contribué à faire le job et à avoir une course presque parfaite pour remporter le LMP2 dans un peloton très concurrentiel. »