Jérôme Policand : « D'une petite catégorie, on est arrivé au firmament de l'endurance »
A l’occasion des 6 Heures de Fuji ce week-end, le team manager d’Akkodis ASP dresse le bilan de la première saison en FIA WEC de l’écurie française, qui engage deux Lexus RC F GT3.
Akkodis ASP évoluera à domicile ce week-end, à l’occasion des 6 Heures de Fuji, septième et avant-dernière manche de la saison 2024 du FIA WEC. « Fuji, c'est le rendez-vous de l'année pour notre constructeur, et on se doit d’y réaliser une performance », indique Jérôme Policand, fondateur et team manager d’Akkodis ASP, à fiawec.com. « On va forcément se sentir observé et supporté. »
En effet, l’écurie multi-couronnée dans les catégories GT en France comme à l’international défend les couleurs de Lexus dans la toute nouvelle catégorie LMGT3 du FIA WEC. « Pour nous, ça a été une chance énorme d’être choisi, sachant que seules neuf équipes sont éligibles », souligne Jérôme. « Avoir la reconnaissance à ce niveau-là, de surcroît dans un championnat du monde auquel on espérait participer depuis l’annonce de l’arrivée du LMGT3, ça a été une rampe de lancement pour nous. »
Akkodis ASP qui, précédemment, faisait rouler des Mercedes-AMG GT3 dans les compétitions GT, a finalement signé un accord de partenariat avec le groupe Toyota en octobre dernier. « Il fallait trouver une solution pour être là, parce que le train ne passait qu’une fois, et présenter un dossier solide et professionnel dès la première année », précise Jérôme. Le constructeur japonais, champion du monde en titre dans la catégorie Hypercar, est également impliqué dans la catégorie GT3 via sa filiale haut de gamme, Lexus, avec la RC F GT3. Un signe du destin pour Jérôme et Akkodis ASP.
« Je suis très ami avec Olivier Panis. On est tous les deux de Grenoble et on a commencé le karting quand on avait 12 ans. L’un de nos partenaires communs avait financé une Lexus RC F GT3. On a récupéré la voiture en se disant qu’on l’a remettra à neuf, à nos heures perdues, pour en faire une belle voiture de collection. Là, on était bien content de la trouver. La voiture était sous une bâche dans notre atelier depuis deux ans. On s’est jeté dessus ! »
« Ce qu’on faisait bien avant, il faut le faire très bien maintenant »
Débute alors une nouvelle course, contre la montre celle-ci, pour Akkodis ASP, qui ne dispose que de quelques mois pour être en ordre de marche pour la manche d’ouverture des Qatar Airways 1812 km du Qatar. Parmi le nouveau plateau LMGT3 du WEC, la Lexus RC F GT3 est la plus “âgée” des voitures engagées, ayant effectué ses débuts en compétition en 2017. « Pour l’homologuer, il fallait rentrer dans la fenêtre aérodynamique imposée par la FIA », rappelle Jérôme. « Il était difficile de situer la Lexus par rapport à la concurrence. Mais pour une voiture conçue au milieu des années 2010, elle était d’avant-garde, ce qui fait qu’elle a encore du potentiel, même dix ans après. »
Les Lexus RC F GT3 n°78 d’Arnold Robin, Kelvin van der Linde et Clemens Schmid et la n°87 de José María López, Takeshi Kimura et Esteban Masson sont respectivement classées 13e et 18e au classement LMGT3. Akkodis ASP a obtenu son meilleur résultat cette saison lors des 24 Heures du Mans avec la 7e place de la n°78. Jérôme Policand, 13 participations à la classique mancelle à son actif et notamment vainqueur de Road to Le Mans 2023 avec Valentino Rossi en GT3, est loin de s’en satisfaire.
« On s’attendait à avoir une première année d’apprentissage, mais on espérait forcément quand même mieux. On n’a pas vraiment rempli nos objectifs, mais on sent que l’équipe est de plus en plus forte, avec une rigueur absolue. L’écurie a énormément appris au cours de cette année. Ce qu’on faisait bien avant, il faut le faire très bien maintenant. C’est un peu le résumé du WEC. Tout est un cran au-dessus. »
Après avoir fondé l’équipe en 1999 en débutant par le Clio V6 European Trophy - où Akkodis ASP affrontait déjà AF Corse - et notamment engagé un certain Kévin Estre en Porsche Carrera Cup France en 2009, Jérôme Policand mesure le chemin parcouru par Akkodis ASP en un quart de siècle et se projette vers l’avenir. « D’une petite catégorie, on est arrivé au firmament de l’endurance. Au niveau personnel, c’est une immense satisfaction. Sur des programmes comme celui-ci, on a une vision à quatre, cinq ans. Notre objectif est d’être en pole position pour faire rouler la nouvelle Toyota GT3, en priorité en WEC, dès 2026. »