La saison LMP2 : l’heure de Jota a sonné
Le Championnat du Monde d'Endurance FIA 2022 pour la catégorie LMP2 s’annonçait indécis et très disputé et ce dès la première manche à Sebring en mars.
Le Championnat du Monde d'Endurance FIA 2022 pour la catégorie LMP2 s’annonçait indécis et très disputé et ce dès la première manche à Sebring en mars. Autant dire que le rendez-vous floridien a tenu toutes ses promesses !
Six ans que le team Jota chassait un titre mondial depuis son entrée à temps plein dans le FIA WEC en 2016. Victorieuse, auparavant, en European Le Mans Series, les ‘verts’ s’étaient illustrés au Mans, avec les victoires en 2014 et 2017, sans pourtant jamais parvenir à ceindre la couronne mondiale du FIA WEC.
Malgré une opposition sans précédent dans la catégorie, Jota ne s’est pas découragé. L'équipe britannique avait affronté United Autosports USA et WRT au cours des saisons précédentes et s'était parfois imposée. Cette année 2022 serait différente. L’heure de Jota avait sonné.
Pourtant, la saison débuta en demi-teinte à Sebring, lorsque la Jota Oreca-Gibson n°38 d'Antonio Felix da Costa, Will Stevens et Roberto Gonzalez ne signa qu’une sixième place au terme d’une course qui ne fut pas du tout à son avantage.
La victoire revint à la United Autosports n°23 d’Oliver Jarvis, Paul di Resta et Josh Pierson. Les débuts de Pierson, à l'âge de 16 ans, furent d’ailleurs l'un des faits marquants de la saison.
À Spa, l'équipage n°38 a obtenu ses premiers points importants de l’année avec une troisième place. Mais c'est, un mois plus tard, aux 24 Heures du Mans qu'ils ont connu leur véritable moment de gloire.
Les trois pilotes étaient à leur meilleur niveau dans La Sarthe. Le rythme et la régularité étaient proches de la perfection, si bien que leur victoire en est apparue quasiment évidente, dans un double tour d’horloge pourtant aussi féroce que disputé.
Ce qui a rendu cette victoire encore plus belle, c'est que tous leurs plus proches rivaux pour le titre n'ont pas marqué de points. WRT a perdu tout espoir dans la matinée, tandis que United Autosports a vu la course lui échapper complètement.
Will Stevens a résumé la course de Jota au Mans par ces mots : « La voiture s’est directement montrée compétitive en arrivant cette semaine et nous sommes partis dimanche soir dernier avec une voiture super forte, donc chapeau à l'équipe pour tout le travail effectué avant d'arriver ici. »
« La voiture était, honnêtement, un plaisir à piloter du début à la fin. Je suis très heureux que nous ayons remporté la victoire aujourd'hui et j'espère que ce sera l'une des nombreuses de cette année. »
S'il avait raison concernant ce rêve de s’imposer au Mans, il n'était pas tout à fait sur la bonne voie pour les victoires suivantes. Cela n'avait guère plus d'importance lorsqu'ils ont décroché la couronne en novembre à Bahreïn.
Ils se sont mis en bonne place en signant deux deuxièmes places à Monza puis à Fuji, respectivement derrière RealTeam WRT et l'équipe n°31 WRT. Mais c'est ainsi que les titres se gagnent, et le trio Gonzalez, da Costa et Stevens a totalement mérité le sien.
Les trois pilotes ont fait preuve des meilleures dispositions pour remporter le championnat. Gonzalez a poursuivi sa progression en tant que pilote Argent, Stevens s'est intégré à l'équipe sans effort et a peut-être été le pilote de la saison, tandis que da Costa a une fois de plus montré tout son talent tant en qualifications qu'en courses.
Robin Frijns et Sean Gelaël décrochent les places de vice-champions, avec les victoires à Fuji et au Bahreïn. Malheureusement, pour eux, c'était trop peu et, surtout, trop tard pour le titre.
La rare erreur de Frijns au Mans a coûté à l'équipe l’unique occasion de s’octroyer le titre. Cependant, la pole du Néerlandais dans la Sarthe a été l'un des moments les plus forts de la saison. Avec un chrono de 3:28.394 durant l'hyperpole, il a devancé le peloton de 1,7s s’élevant au statut de légende du Mans.
Oliver Jarvis et Josh Pierson ont pris la troisième place du classement en marquant des points dans chacune des six manches de l’exercice 2022.
Sebring a certainement été le point culminant, surtout pour Pierson qui s'est taillé une superbe réputation lors de sa première saison internationale endurance.
La voiture sœur de Filipe Albuquerque, Phil Hanson et Will Owen a connu cette année plusieurs malheurs et des courses difficiles. Une cinquième place à Spa et une pole par Albuquerque à Monza ont été les seuls véritables points forts de leur saison.
Norman Nato, Rui Andrade et Ferdinand Habsburg ont, quant à eux, connu leur heure de gloire à Monza, en juillet, avec une victoire bien méritée pour la voiture du RealTeam WRT.
Andrade est devenu le premier pilote d'origine angolaise à s’imposer en FIA WEC, et l'équipe a poursuivi sur sa lancée avec une deuxième place à Spa et une belle pole position grâce au magnifique tour de Norman Nato au Bahreïn.
Le Prema Orlen Team a toujours été dans le coup et a empoché des points lors de chacune des six courses, mais déçu de finir la saison à la cinquième place. Une lointaine deuxième place au Mans en juin a constitué le seul podium de Lorenzo Colombo, Louis Deletraz et Robert Kubica.
L'équipage n°28 de Jota, composé d'Oliver Rasmussen, Ed Jones et Jonathan Aberdein, a décroché deux podiums au Mans et à Fuji, ce dernier étant d’autant plus impressionnant que la voiture avait été victime d’un accrochage dans le premier tour.
La catégorie LMP2 Pro/Am a été remportée par Francois Perrodo, Nicklas Nielsen et Alessio Rovera sur l'Oreca-Gibson d'AF Corse.
Ils ont démarré la saison de façon spectaculaire avec les victoires à Sebring et Spa. Ces courses comprenaient également des pole positions exceptionnelles au classement général LMP2.
Mais au Mans, la déception fut grande lorsque Perrodo entra en collision avec la Corvette d'Alexander Sims. Les excuses sincères qu'il présenta ensuite à l'équipe américaine ont été l'un des moments les plus sportifs de la saison.
Cet incident et d'autres problèmes de l'équipage AF Corse n°83 dans la Sarthe ont permis à l'équipe Algarve Pro Racing de Steven Thomas, René Binder et James Allen de remporter une victoire rêvée. Une victoire d’autant plus méritée après que l'équipe ait été contrainte de reconstruire la voiture accidentée lors des essais.
Ils ont ensuite réalisé un parcours sans faute à Monza pour prendre la tête du classement Pro/Am. Une course difficile à Fuji a permis à AF Corse de réaffirmer son emprise sur le championnat, que le team transalpin remporta sans discussion en remportant les Bapco 8 Heures de Bahreïn.