Lapierre met un terme à son illustre carrière de pilote.

Nicolas Lapierre, double champion du Monde d'Endurance de la FIA, a annoncé sa retraite de la course automobile avec effet immédiat, alors qu'il se prépare à troquer définitivement le volant pour une place sur le mur des stands.

Lapierre a été un pilier du WEC depuis la création du championnat en 2012, et avant cela, une star en monoplace, se propulsant sous les feux de la rampe en remportant à19 ans à peine le prestigieux Grand Prix de F3 de Macao - dans un peloton de haut calibre qui comprenait les futurs champions du monde de F1 Lewis Hamilton et Nico Rosberg.

En 2005, le Français est entré dans l'histoire en décrochant la première pole position en GP2 Series - l'antichambre du championnat du monde de Formule 1 de la FIA - et a ensuite joué un rôle essentiel dans la conquête du titre inaugural de l’A1 Grand Prix par l'équipe de France. En 2008, il se consacre à plein temps aux voitures de sport, une discipline dans laquelle il a connu des succès encore plus importants.

Le succès ne s'est pas fait attendre. Aux côtés d'Olivier Panis, ancien vainqueur du Grand Prix de Monaco, au sein de l'équipe Oreca Matmut, ils ont pris la troisième place des Le Mans Series en 2009, avant de s'adjuger le titre de vice-champion la saison suivante.

En 2011, Lapierre, Panis et Loïc Duval ont battu les équipes d'usine Peugeot et Audi pour se hisser sur la première marche du podium aux 12 Heures de Sebring, ce qui a attiré l'attention de Toyota sur Haut-Savoyard. En 2012, le constructeur japonais l'a recruté comme pilote d'usine pour son programme LMP1 en WEC nouvellement créé. 

En 16 départs avec l'équipe, il a triomphé à six reprises, avant d'être licencié à mi-parcours de la campagne 2014. Cela a entraîné une remise à zéro de sa carrière et une rétrogradation en LMP2, mais Lapierre n'a pas tardé à renouer avec la victoire.

Rejoignant Signatech-Alpine en 2016, il a fait équipe avec Gustavo Menezes et Stéphane Richelmi pour dominer la catégorie, avec des victoires dans près de la moitié des courses propulsant l'équipage vers la couronne tant convoitée du championnat du monde. Lapierre a réitéré l'exploit lors de la « Super Saison » 2018-19, cette fois aux côtés d'André Negrão et Pierre Thiriet, le trio terminant toutes ses courses sur le podium.

Véritable pilier des efforts d'Alpine en matière d'endurance, le pilote de 40 ans a participé aux campagnes 2021 et 2022 du WEC en Hypercar avec l'écurie française  – signant 11 podiums sur 12 et décrochant une place dans le top 3 du championnat à chaque fois - mais les 6 Heures de Fuji du mois dernier allaient être son chant du cygne. Comme il se doit, il a terminé sur le podium, le premier pour l'Alpine A424.

Les statistiques de la brillante carrière de Lapierre sont impressionnantes : deux titres WEC et trois autres podiums au championnat ; 17 victoires et 47 podiums dans toutes les catégories du WEC ; quatre victoires de classe et deux podiums aux 24 Heures du Mans ; et quatre podiums au championnat LMS/ELMS. Il nous manquera, mais il ne disparaîtra pas complètement...

« Il est temps pour moi de raccrocher mon casque et de clore ce chapitre de ma vie », a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux. « Ce fut un honneur pour moi de vivre ma passion pendant tant d'années et de faire ce que j'aime, et ce grâce à des personnes très spéciales. Mon père a été mon premier supporter, m'emmenant sur une piste de karting quand j'avais neuf ans. Il a toujours été à mes côtés et c'est grâce à lui que j'ai pu commencer ce sport, et ma femme m'a également soutenu à travers tous mes défis ».

« Je voudrais également remercier Philippe Sinault et son équipe - monter sur la plus haute marche du podium au Mans avec Alpine était très spécial. Je pense aussi à Jean-Paul Driot, qui nous a quittés trop tôt ; avec DAMS, j'ai remporté ma première victoire en GP2 en 2007, et Jean-Paul m'a définitivement changé en tant que personne. Un autre homme très important dans ma carrière a été Hugues de Chaunac, qui m'a fait découvrir les courses d'endurance. J'ai couru de nombreuses fois avec un châssis Oreca et j'ai d'excellents souvenirs avec cette équipe. »

« Je tiens également à remercier David Floury ; en 2015, j'étais probablement au plus bas de ma carrière de pilote et à deux doigts d'arrêter, mais c'est lui qui m'a ramené. Je remercie également les équipes de la FIA, de l'ACO et de LMEM, j'ai passé une grande partie de ma carrière dans vos championnats et ce fut un plaisir de courir avec vous. À chaque membre de chaque équipe pour laquelle j'ai couru, à tous les commissaires du monde entier et à tous les fans, merci. »

« C'était formidable de terminer ce voyage sur le podium [au Japon] et de sabler le champagne une fois de plus. Mon cœur est plein de gratitude pour tous ceux qui ont partagé cette aventure avec moi, mais maintenant, après tant de moments inoubliables, il est temps de s'éloigner et de commencer un nouveau chapitre de ma vie, de l'autre côté du mur des stands. C'est quelque chose que j'aime autant que j'aime la course, alors je ne serai pas loin. A bientôt ! »