Loïc Duval : “Le Mans, c’est un sprint de 24 Heures”
Loïc Duval sera au volant de la Peugeot 9X8 n°94 à l’occasion du Centenaire des 24 Heures du Mans, dix ans après sa victoire au général avec Audi. Un succès qui aura marqué un tournant dans la longue carrière du pilote français.
Loïc Duval fêtera son 41e anniversaire au lendemain de l’arrivée du Centenaire des 24 Heures du Mans (10-11 juin). Pour le pilote de la Peugeot 9X8 n°94, avec Gustavo Menezes et Nico Müller, prendre part à la grand-messe de la course automobile d’endurance constitue en soi un joli cadeau. “Avoir l'opportunité d'être un acteur au Mans, dans cette ère assez incroyable avec toutes ces équipes et ces constructeurs, c'est quelque chose de grandiose pour un pilote”, souligne le Français.
Avec dix participations au compteur, Loïc est un habitué du Circuit de la Sarthe. Mais c’est sur un tout autre type de tracé qu’il a découvert, au milieu des années 1990, la magie des 24 Heures du Mans. “J'étais en séance d'essais karting sur le circuit Alain Prost lors des pré-tests. Je voyais ces voitures, impressionnantes et bruyantes, passer de la sortie du virage du Karting jusqu'à la chicane du Raccordement. C'était assez sympa et grandiose de les voir en parallèle de ce que moi je pouvais faire avec mon kart !”
En 2008, le Chartrain troquait son kart pour le baquet de la Courage-Oreca LC70 n°5 du Team Oreca Matmut, à l’occasion de sa première participation à la classique mancelle. “Si je ne devais en retenir qu'un seul moment, ce serait le premier passage dans la ligne droite des Hunaudières”, se souvient Loïc. “C'était assez impressionnant parce que, au-delà des hautes vitesses que l'on atteint, c'était une voiture ouverte. On ressent encore un peu plus la vitesse avec les perturbations au niveau du casque.” En compagnie de Laurent Groppi et Soheil Ayari, Loïc coupe la ligne d’arrivée en 8e place. Il obtient le prix Jean-Rondeau récompensant le meilleur rookie. “L’objectif de l’équipe était d’atteindre l’arrivée. Et pour mon premier Le Mans, j'ai pu passer sous le drapeau à damiers, c'est des bons souvenirs.”
Cinq ans plus tard, Loïc inscrivait son nom au palmarès des 24 Heures au volant de l’Audi R18 e-tron quattro n°2, en compagnie d’Allan McNish et de Tom “Monsieur Le Mans” Kristensen. “Quand on gagne Le Mans, on rentre dans un cercle un peu fermé. Ça change tout au final pour un pilote. Il y a un avant et un après une victoire au Mans.” Le Français étoffe son palmarès du titre de champion du monde FIA WEC 2013.
Depuis l’an dernier, Loïc défend les couleurs d’un autre constructeur au glorieux passé dans la Sarthe : Peugeot. Le constructeur français s’est imposé à trois reprises au Mans (1992, 1993 et 2009). Il y a 30 ans, la firme au Lion avait signé un triomphe en trustant les trois places du podium. En proie à un déficit de fiabilité et de performance par rapport à la concurrence, la remarquable 9X8 n’est pas encore au niveau de ses illustres devancières, la 905 et la 908. “Nous sommes toujours dans une phase où nous devons travailler sur les deux tableaux”, précise Loïc. “Nous n'avons pas connu suffisamment de courses sans aucun problème pour se dire que l'on ne subira aucun souci de fiabilité. Mais nous sommes obligés aussi de travailler sur des sets-up pour comprendre la voiture et aller chercher de la performance. Parce qu’au final, Le Mans, c’est un sprint de 24 Heures.”
Néanmoins, le Français assure que Peugeot Sport avance dans la bonne direction. La nature ultra-rapide du circuit des 24 Heures permettra-t-elle à la 9X8 d’exprimer au mieux son potentiel ? “En tout cas, on a vu à Sebring ou Portimão que, en ligne droite, nous étions plutôt dans le bon wagon. Après, c'est toujours difficile à dire parce que Le Mans est un circuit sur lequel personne n'a testé récemment. De plus, bien que l’on participe à un championnat du monde, l'objectif prioritaire de chaque constructeur est de gagner Le Mans. Donc les voitures sont conçues pour y être la plus performante possible.”
Avec Jean-Eric Vergne, au volant de la 9X8 n°93 avec Mikkel Jensen et Paul Di Resta, Loïc est l’un des deux pilotes français du programme Peugeot, le seul constructeur tricolore engagé en Hypercar. A ce titre, il bénéficiera à coup sûr du soutien du fervent public manceau. “A titre personnel, c'est une certaine source de motivation. Etant français, et avoir la chance de concourir avec un constructeur français, c'est quelque chose d'assez magique. Quand 300 000 spectateurs chantent La Marseillaise, c'est toujours des moments forts.” Preuve de l’engouement que suscite le FIA WEC, le Centenaire des 24 Heures du Mans se déroulera à guichets fermés. “On est obligé de constater que tout ce qui a été mis en place, par la FIA et l’ACO, fonctionne pour attirer des constructeurs et pour qu'on ait ce si beau plateau. On va avoir une grille de départ comme moi je n'en ai jamais connu !”
Bastien Cheval