Robert Kubica : “Tant que vous ne voyez pas le drapeau à damier, tout peut arriver”
Photo: WEC
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Robert Kubica : “Tant que vous ne voyez pas le drapeau à damier, tout peut arriver”

Leader au classement LMP2, Robert Kubica peut se contenter d’une 8e place lors des BAPCO Energies 8 Heures de Bahreïn pour offrir le titre mondial à la n°41 de WRT. L’expérimenté polonais revient sur l’exceptionnelle saison de l’équipe belge.

Grâce à leur impressionnante victoire en catégorie LMP2 à Fuji, la n°41 se présente à la dernière course de la saison du FIA WEC, les BAPCO Energies 8 Heures de Bahreïn, nantie d’une avance de 33 points sur les vainqueurs des 24 Heures du Mans, Inter Europol Competition. Avec un maximum de 39 points en jeu à Sakhir, Kubica et ses coéquipiers, Louis Delétraz et Rui Andrade, n’ont besoin que d’une huitième place finale, au minimum, pour être couronnés champions de catégorie.

“Nous avons une très bonne avance”, concède Robert. “Mais cela ne signifie en rien que nous pouvons nous détendre. Il s’agit d’une course longue de huit heures. Nous devons nous assurer de produire une course propre, avec la bonne approche et sans souci mécanique. Il y a encore beaucoup à faire. Tant que vous ne voyez pas le drapeau à damier, tout peut arriver.”

Le Polonais ne sait que trop bien ce que signifie être privé d’une victoire contre toute attente et au dernier moment. En 2021, la WRT n°41 de tête qu’il partageait avec Delétraz et Yifei Ye subissait une panne électrique des plus dramatiques dans le dernier tour des 24 Heures du Mans. “Des officiels et des commissaires étaient venus dans notre garage à 17 minutes de l’arrivée pour nous offrir les casquettes et nous indiquer le chemin jusqu’au podium”, se rappelle Robert. “Je leur ai dis, probablement pas de la manière la plus polie, que la course n’était pas terminée et qu’il devait nous laisser jusqu’à ce que l’on franchise la ligne d’arrivée. Malheureusement, nous ne l’avons jamais franchie.”

Depuis ce coup du sort, l’ex-pilote de Formule 1 pour BMW Sauber (2006-2009), Renault (2010), Williams (2019) et Alfa Romeo (2021) a signé deux deuxièmes places d’affilée en Sarthe, d’abord avec Prema l’an dernier puis avec WRT lors du Centenaire en juin. “Quand vous êtes sur le podium au Mans, vous devez être heureux de ce que vous avez accompli. C’est un énorme défi et une course exigeante, particulièrement cette année avec les conditions météo. Nous avons réussi une course très propre. Malheureusement, une équipe était plus forte que nous. C’est comme ça, c’est le sport automobile.”

Ce qui est clair en revanche, c’est qu’aucune équipe ne s’est montrée plus forte et plus régulière cette saison que celle de la n°41 de WRT. L’escouade belge a terminé sur le podium de toutes les courses du FIA WEC en LMP2 cette saison, à l’exception de la manche inaugurale des 1000 Miles de Sebring où le trio a terminé 4e. “Le compromis sur lequel nous nous accordons entre la recherche de performance et la prise de risques a très bien fonctionné pour nous cette saison”, souligne Robert. “Nous avons toujours amassé des bons points. Même si, par exemple, nous n’étions pas très compétitifs à Sebring, nous étions toujours dans la lutte pour les podiums et les victoires. C’est très important, particulièrement dans un championnat avec peu de courses comme le WEC. Beaucoup d’équipes souhaiteraient réussir le pire résultat que nous avons obtenu cette saison. Cela explique et montre la qualité de notre saison.”

Robert Kubica évoque aussi l’alchimie à l’oeuvre au sein de la n°41 comme l’une des raisons de leur succès. Le Polonais est l’équipier de Delétraz depuis 2021. Cette année-là, le duo avait remporté l’European Le Mans Series avec WRT, aux côtés de Yifei. “Travailler avec Louis lors de ces trois dernières années amène beaucoup de confiance à notre line up, ainsi que beaucoup de connaissance entre nous sur ce dont on a besoin et ce que l’on préfère. Nous avons également une belle alchimie entre les pilotes et l’équipe. Je pense que notre force réside dans notre manière de nous préparer et dans notre flexibilité. Cela nous permet d’extraire le maximum de notre package.”

Robert n’oublie pas de féliciter Rui Andrade, le pilote Silver de l’équipe, pour sa contribution. “Il a grandement progressé cette année. Il est devenu un pilote plus mature et a gagné en confiance. Je pense que c’était primordial pour libérer son potentiel. J’espère que, ensemble avec Louis, nous l’avons aidé à devenir meilleur.”

Les BAPCO Energies 8 Heures de Bahreïn seront vraisemblablement la dernière course de Robert au volant d’une LMP2, sachant que le FIA WEC ne sera constitué que de deux classes, Hypercar et LMGT3, à partir de 2024. “La LMP2 m’a donné beaucoup de bons moments, et quelques-uns plus difficiles. Dans l’ensemble, c’était une voiture très agréable à conduire.”

Le Polonais a quelque peu levé le voile sur ses intentions pour l’avenir. Robert Kubica a confirmé des discussions au sujet d’un baquet en Hypercar avec l’équipe Hertz Team JOTA. “Mais elle n’est pas la seule avec qui j’ai discuté. Je n’ai pas de boule de cristal pour être certain de l’avenir, mais je serais surpris de ne pas concourir en WEC en 2024. Prochainement, je pense que je saurais exactement quelle équipe je rejoindrai.”

Robert Kubica, qui fêtera son 39e anniversaire le 7 décembre, ne paraît pas près de raccrocher ses gants. De son propre aveu, le vainqueur du Grand Prix du Canada 2008 et champion des rallyes WRC2 en 2013 reste aussi passionné qu’à ses débuts. “La passion vous permet de réaliser des choses que vous ne pourriez réaliser sans elle”, ajoute Robert. “J’ai toujours l’impression que j’ai encore beaucoup à donner à ce sport, et que le sport continue de me donner beaucoup. Je continue la course automobile parce que je l’apprécie toujours autant. D’une certaine façon, je suis surpris de voir à quel point mon désir de rouler et de performer est toujours aussi fort. Je suis super chanceux que pilote de course automobile soit devenu mon métier et je suis reconnaissant que la vie m’ait donné cette opportunité. Quand on me demande lors de la trêve estivale où je vais partir en vacances, je réponds que mes vacances durent toute l’année!” Après tout, qui a besoin de vacances quand votre travail est votre passion ?