Sébastien Buemi et le Circuit des Amériques : quatre virages pour un défi
En matière de défi, l'enchaînement entre les virages 3 et 6 du Circuit des Amériques est l'un de ceux qui mettent le plus à l'épreuve les talents des pilotes du Championnat du Monde d'Endurance FIA (WEC).
Dans cette série de virages (gauche-droite-gauche-droite), on voit les pilotes placer et faire évoluer leurs voitures à un niveau d'adhérence et d'appui extrêmement précis, presque un défi les lois de la physique.
Pour réaliser le tour parfait sur les 5,513 kilomètres du très populaire circuit texan, cet enchaînement de virages constitue un point critique, d'une importance capitale. Car se retrouver dans le trafic à cet endroit peut entrainer une perte de temps susceptible de compromettre un relais entier.
Cette année, les pilotes du WEC ne rouleront pas en nocturne sur le Circuit des Amériques. Cela va-t-il changer pour autant la préparation de ce week-end de course ? Pour en savoir plus sur la manière de gérer l'un des plus gros défis du championnat, nous sommes allés à la rencontre du pilote Toyota Sébastien Buemi, Champion du Monde des Pilotes d'endurance en 2014.
"D'une manière générale, nous avons toujours effectué la plupart des essais libres de jour sur le Circuit des Amériques", indique-t-il. "Je dois dire qu'il est plus facile d'y piloter de jour, parce que la visibilité est meilleure. Dans cet enchaînement, il y a ces vibreurs jaunes en forme de pyramides qu'il ne faut surtout pas toucher car on risque d'endommager les suspensions. Mais d'un autre côté, plus on passe près de ces vibreurs, meilleure est la trajectoire qui commande cet enchaînement."
En 2017, le défi du Circuit des Amériques sera différent des années précédentes, pas seulement parce que la course se déroulera de jour dans des conditions humides connues de tous, mais aussi car les teams disposeront d'une allocation de pneumatiques moins importante.
"Oui, nous avons deux trains de pneus en moins. Ils chaufferont donc plus en course diurne, ce qui signifie que nous allons devoir effectuer des doubles relais", confirme le Suisse. "Comme ils chaufferont davantage, leur dégradation sera plus importante, alors ce sera plus difficile.
"La première partie des virages 3 à 6 est identique à l'enchaînement (Becketts-Maggotts, ndlr) de Silverstone. Là-bas, il y a maintenant les petits vibreurs en forme de baguette et il ne faut pas non plus rouler dessus. Sur le Circuit des Amériques, on ne peut pas frôler ou passer par-dessus les vibreurs, car on compromet énormément l'équilibre, donc on ne peut en tirer le moindre bénéfice."
Outre leur importance dans la réalisation d'un bon temps au tour, l'enchaînement des virages 3 à 6 permet aussi de voir les pilotes gagner des positions et de gérer le trafic. Suivre Sébastien Buemi et ses pairs rejoindre et tailler leur route dans le trafic à cet endroit est une source constante d'émerveillement.
"Quand on se retrouve dans le trafic, tout est question de timing", explique Sébastien Buemi. "Si on se loupe dans le premier virage, impossible de se rattraper dans les autres, car chacun de ces quatre virages commande le suivant et la manière dont on l'aborde. On ne peut pas y entrer trop tôt ou trop tard, il faut avoir le bon rythme à cet endroit. Dans le trafic, on doit savoir comment doubler, à l'intérieur ou à l'extérieur. Par exemple, la deuxième partie de cet enchaînement, c'est un long virage à droite. A cet endroit, on peut passer complètement à l'extérieur pour doubler les GT dans le trafic, mais ça ne marche pas avec les LMP2.
"Déjà, l'an dernier, on ne pouvait pas passer les LMP2 dans cet enchaînement complexe, et maintenant qu'elles sont plus rapides, on n'a aucune chance de les doubler ici", poursuit le pilote Toyota Gazoo Racing. "Cela signifie qu'en fait, nous allons perdre moins de temps. Aujourd'hui, nous préférons ces nouvelles LMP2 plus rapides, parce qu'on les trouve moins souvent sur notre route lorsque nous prenons un tour à d'autres concurrents.
"Pour conclure, c'est une belle série de virages à négocier à bord d'une LMP1, et on peut s'attendre à un défi permanent, à chaque tour du Circuit des Amériques."