Fabio Scherer a lutté contre la douleur pour le plaisir de la victoire au Mans
Photo: WEC
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Fabio Scherer a lutté contre la douleur pour le plaisir de la victoire au Mans

Le sport écrit de belles histoires de combat où les athlètes dépassent la barrière de la douleur pour atteindre la terre promise.

Qu'il s'agisse de Bert Trautman qui a aidé Manchester City à remporter la finale de la FA Cup en 1956 malgré une fracture du cou, de Derek Redmond qui a tenté de terminer la demi-finale du 400 m des Jeux olympiques de Barcelone en 1992 malgré une déchirure des ischio-jambiers, ou de Niki Lauda qui a signé une étonnante 4e place au Grand Prix d'Italie en 1976, six semaines seulement après avoir frôlé la mort, le sport a le pouvoir d'élever les exploits au-dessus de la souffrance.

Dans ce contexte  l’exploit de Fabio Scherer n'était certes pas aussi dramatique. Toutefois, si l'on se place dans le contexte de l'achèvement d'une épreuve exténuante de 24 heures avec une telle blessure, la force d'âme et l'engagement du pilote suisse forcent le respect.

Le fait que lui et ses équipiers Jakub Śmiechowski et Albert Costa aient remporté une victoire surprise mais tout à fait méritée, en devançant un peloton truffé de pilotes et de teams de qualité rend l'histoire encore plus incroyable.

Inter Europol Competition a indiqué mardi que le pilote suisse souffrait « de lésions ligamentaires et d'une fracture incomplète au milieu du pied gauche »

«Il souffre également de douleurs un peu partout et se déplace en béquilles pour le moment. Mais Fabio étant Fabio, il sera certainement en pleine forme et gonflé à bloc pour la prochaine course à Monza », indique également le communiqué.

Les efforts de Scherer et de l'équipe entreront certainement dans l'histoire du Mans et du FIA WEC, à l'instar de la lutte herculéenne de Johnny Herbert contre ses blessures aux jambes et la maladie pour décrocher la victoire en 1991 avec Mazda.

Inter Europol Competition a traversé le peloton ultra compétitif des LMP2 pour remporter une victoire phénoménale, sa première en FIA WEC, qui a propulsé Costa, Scherer et Śmiechowski dans la course au titre, à seulement quatre points des leaders Robert Kubica, Louis Deletraz et Rui Andrade de l'équipe n°41 Team WRT.

Mais c'est surtout Scherer qui a dû puiser dans ses ressources.  

«Après 50 minutes de course seulement, j'ai pensé que tout était fini parce que j'avais très mal », a-t-il déclaré après l’arrivée. 

« Mais avec beaucoup de glace et de traitements, j'ai pu reprendre la course. Et après cela, j'étais dans le mouvement. J’ai bien aggravé ma blessure au pied, mais ça n'a pas d'importance, même si je ne m’en remets pas tout à fait ! »

Scherer a été contraint d'adapter sa conduite. Le Suisse n'avait jamais freiné du pied droit auparavant et a d'abord cru qu'il était « impossible » de continuer.

Après avoir été heurté par la Corvette GTE Am de Nicky Catsburg dans la pitlane, il a appris à freiner « avec toute la jambe plutôt qu'avec le pied… » 

Ce n'est pas le seul problème auquel l'équipe d'Inter Europol Competition a dû faire face. Durant la dernière heure, en plus du problème de Scherer et du  retour de Louis Deletraz dans les échappements  de l'Oreca-Gibson jaune et verte, l'équipe a perdu la liaison radio avec le cockpit.

« C'est sûr que ça n'a pas aidé », a déclaré Scherer à propos du manque de communication. « Mais à la fin, je me suis dit qu'il fallait que je roule à fond, qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Nous en avons parlé dans le box avant que je ne monte, et nous n'étions pas sûrs de pouvoir changer de pilote parce que la porte ne s'ouvrait pas correctement, mais au Mans, il faut parfois un peu de chance ! »

Au Mans, la chance est cruciale, la douleur n'est rien et la victoire est tout !