Neel Jani : “Écrire une nouvelle belle histoire pour Proton en Hypercar”
Neel Jani, champion du monde FIA WEC en 2016, renoue avec la catégorie reine de l’Endurance avec Proton Competition, qui engage une Porsche 963 privée à partir des 6 Heures de Monza.
Neel Jani a connu les hauts et les bas de la carrière d’un pilote d’Endurance de haut niveau. Le Suisse a passé en vainqueur la ligne d’arrivée des 24 Heures du Mans 2016 avec la Porsche 919, partagée avec Romain Dumas et Marc Lieb, profitant de la panne subie par la Toyota de tête à quelques minutes de l’arrivée. L’équipage de la Porsche LMP1 n°2 était ensuite couronné champion du monde FIA WEC. Six ans plus tard, Neel, malgré son statut de pilote d'usine Porsche, n’était pas conservé pour les programmes LMDh en IMSA et WEC du constructeur.
Le Suisse descendait d’un niveau et rebondissait chez Duqueine Team, engagée en European Le Mans Series. “J’aime énormément l’ambiance chez Duqueine”, nous confie Neel. “On fait le maximum pour avoir une bonne voiture. Gilles Duqueine et son team manager Marc Favard sont des gens exceptionnels. Ce sont tous des passionnés. Nous sommes tous là car nous aimons tous le sport automobile. On peut se battre pour la victoire et montrer que Duqueine est une force avec laquelle il faut compter.”
Neel ne croit pas si bien dire. Après une deuxième place au général acquise aux 4 Heures de Barcelone, Duqueine a créé la surprise aux 24 Heures du Mans en terminant sur le podium de la très disputée catégorie LMP2. La petite structure française aurait même pu espérer mieux qu’une troisième place. “On a pris la tête vers 4 heures du matin le dimanche. Malheureusement, nous avons subi deux crevaisons qui, à la fin, nous ont coûté plus d’un tour. Cela nous a privés de la lutte pour la victoire”, constate Neel, qui a tenu à saluer la course sans erreurs de ses coéquipiers, Nico Pino et René Binder.
Quelques jours avant le coup d’envoi de la classique mancelle, Proton Competition annonçait l’arrivée de Neel dans la Porsche 963 privée de l’équipe allemande, dirigée par Christian Reid et engagée dans la catégorie Hypercar à partir des 6 Heures de Monza. “J’ai toujours été en contact avec Christian, je le connais depuis des années”, raconte le Suisse. “On a discuté de la possibilité de travailler ensemble. Finalement, on a signé le contrat au Mans.”
Chez Proton, Neel partagera le volant de la Porsche LMDh n°99 avec Harry Tincknell, double vainqueur de classe au Mans (LMP2 en 2014 et GTE Pro en 2020) et Gianmaria Bruni. L’ex-pilote Minardi F1 et Neel se connaissent depuis longtemps. Ils étaient adversaires en GP2 Series, en 2005, puis membres du Porsche GT Team dans la catégorie LMGTE Pro.
Face à une concurrence féroce en Hypercar, Proton Competition n’a d’autres choix que de se fixer des objectifs modestes en Lombardie. “Si on peut finir la course, ce serait déjà bien pour commencer”, admet Neel. “Toutes les autres équipes ont effectué des tests et roulé au Mans, elles ont donc beaucoup plus d’expérience.” Le champion du monde FIA WEC 2016 considère que la manche italienne aura valeur de test pour Proton Competition. “On va arriver à Monza sans avoir jamais fait rouler la voiture. On va aussi mouler les baquets, pour les trois pilotes, seulement sur place. Ce n’est pas idéal, mais c’est comme ça !
La deuxième moitié de l’année sera décidément chargée pour Neel. En plus des trois dernières manches du FIA WEC, et de la mythique épreuve de Petit Le Mans en IMSA (14 octobre), le Suisse a obtenu l’aval de Proton pour continuer la saison d’ELMS avec Duqueine. “La proposition de Proton était intéressante pour plusieurs raisons”, ajoute Neel. “Christian Reid m'a vraiment laissé la liberté de faire ce que je voulais à côté. Mais le but est d'essayer d'écrire une nouvelle belle histoire pour Proton en Hypercar, parce qu'ils ont acquis beaucoup de succès en GT.”
Neel a également été choisi par Audi en tant que pilote de simulateur pour le développement de son unité de puissance F1. La marque aux anneaux effectuera son arrivée en Formule 1 dès 2026. “C'est un super projet. C'est toujours très intéressant d'être impliqué dans un programme d'usine en F1, c'est le sommet de la course automobile. Je me réjouis de pouvoir en être et de leur offrir mon expérience”, indique Neel, qui était le troisième pilote de la Scuderia Toro Rosso en 2006.
Neel Jani, qui fêtera son 40e anniversaire en décembre, ne semble pas près de raccrocher les gants, à plus forte raison quand l’Endurance connaît un nouvel âge d’or. “A l'époque du LMP1, nous avons eu une grande bataille en termes de développement, les voitures étaient aussi incroyables que compliquées et puissantes. Avec la nouvelle formule Hypercar, c’est très intéressant pour les constructeurs de s’y engager, grâce à l'opportunité d’enfin rouler tant en IMSA qu'en WEC. Je me réjouis de faire partie de cette catégorie, la compétition est super. C’est une époque spéciale dans l’histoire de l’Endurance.”