Questions à Nelson Panciatici, prix Jean Rondeau aux 24 Heures du Mans
Dixième au classement général et le prix Jean Rondeau, récompensant le meilleur débutant : tel est le bilan plus que satisfaisant de Nelson Panciatici aux dernières 24 Heures du Mans. Le jeune Français, qui fêtera ses 24 printemps en septembre prochain, a débuté en endurance lors des 6 Heures de Spa-Francorchamps, deuxième manche du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA. Il participera au reste du Championnat avec l’Oreca 03-Nissan n°26 de G-Drive Racing by Signatech-Nissan avec ses équipiers Roman Rusinov et Pierre Ragues.
Nelson, quelle est la première chose qui te vient à l'esprit lorsque l’on évoque Le Mans ?
« Quand on me parle du Mans je pense immédiatement aux 24 Heures du Mans et aux noms célèbres comme Arnage, les Hunaudières, le Tertre Rouge et autres Maison Blanche, bref pour moi le Mans c'est avant tout une course de légende avec des images fortes, surtout la nuit où les sensations sont multipliées par dix. Cette course fait partie des monuments du sport automobile mondial que tout pilote souhaite avoir à son palmarès quelle que soit la discipline dans laquelle il évolue. »
Quelle image de la semaine restera gravée dans ta mémoire ?
« C'est difficile d'en choisir une car il y a eu beaucoup de moments forts, comme par exemple le pesage où on se serait cru au festival de Cannes tellement il y avait de monde, la parade ou le départ. Si je devais garder une seule image je dirais l'arrivée car il y avait une émotion incroyable pour tous ceux qui ont eu le bonheur de franchir la ligne d'arrivée, quel que soit leur classement : je n'avais jamais connu ça avant. Dans notre équipe G-Drive Racing by Signatech Nissan, j'ai vu des mécaniciens pleurer et dans le staff, on sentait remonter tout le stress contenu durant la semaine. Voir tous ces gens heureux, ce n'était que du bonheur. Un grand moment ! »
Quel est le principal enseignement de la semaine ?
« J'ai appris beaucoup de chose durant cette semaine, mais j'ai surtout compris ce que voulait dire l'esprit d'équipe. Cela m'a fait penser au fameux : on gagne ensemble ou on perd ensemble d'Aimé Jacquet lors du Mondial de football 1998. On a passé des moments forts mais également conviviaux durant lesquels on a appris à mieux se connaître. Ce rapport fort avec les autres va nous rendre encore plus performants pour les prochaines courses du WEC. J'ajouterai une dernière chose : les 24 heures du Mans m'ont également appris la patience ! »
Que représente le Prix Jean Rondeau pour toi ? T’attendais-tu à le recevoir ?
« Cela m'a fait très plaisir surtout que je m'y attendais pas du tout. En tous cas, c'est un grand honneur de recevoir le Prix Jean Rondeau, dont je connais la carrière. Je sais surtout qu'il a remporté les 24 Heures du Mans au volant de sa propre voiture, ce qui reste quelque chose d'unique dans l'histoire de cette course et je crois que cela le restera longtemps ! Au palmarès du Prix Jean Rondeau il y a des pilotes comme Benoît Tréluyer ou Frank Montagny. J'espère que ce sera de bon augure pour la suite de ma carrière ! »
Dixième aux 24 Heures du Mans en tant que rookie. Que ressent-on le dimanche à 15 heures ?
« Dans l'instant, une forte émotion partagée avec toute l'équipe et beaucoup de bonheur de voir tous les efforts récompensés par une belle 10ème place au classement général. Mais le sportif reprend vite le dessus et les regrets surgissent. Je regrette notamment de ne pas avoir pu concrétiser avec un podium en LMP2 alors que, sans une crevaison qui a abîmé notre fond plat, c'était encore envisageable à 3 heures de l'arrivée. Là, on se pose plein de questions, mais c'est ce qui nous fait avancer et nous permet de nous améliorer sans cesse. »
Qu'est-ce qui t'attire le plus et le moins en endurance ?
« Déjà de piloter de vraies voitures de course : notre Oreca 03-Nissan procure de belles sensations au volant. Je prends beaucoup de plaisir et c'est important. En outre, elle est performante alors que demander de plus ? Je n'ai participé à ce jour qu'à 2 courses d’endurance, les 6 Heures de Spa-Francorchamps et les 24 Heures du Mans, mais j'ai vraiment apprécié la course en équipe et le partage que cela implique. Faire de l'endurance ne veut pas dire rouler doucement car on est très souvent à fond mais parfois, il faut savoir doser son effort, ce n'est donc pas frustrant au niveau du pilotage. Concernant les côtés négatifs je dirais que c'est le trafic qu'il faut gérer au mieux et qui peut fausser une course. En monoplace, on n'est pas habitué à ce genre de situation et c'est vrai que cela m'a surpris au début, mais je progresse sans cesse. Je commence à mieux sentir les choses mais parfois, c'est frustrant, comme par exemple en qualifications où je n'ai pas réussi à aligner tous mes partiels, mais cela fait partie de l'endurance et c'est à moi à m'y habituer ! »
Connais-tu les circuits des prochaines manches du Championnat du Monde ?
« A part Silverstone, je ne connais aucun circuit où nous allons rouler pour le WEC, mais il y a les driving lines pour nous aider à apprendre ceux qu'on ne connait pas, sans oublier la PlayStation ! De plus, on a une bonne complicité avec mes coéquipiers, Pierre et Roman, ainsi qu'avec Damien mon ingénieur, on va donc beaucoup échanger, ce qui nous fera avancer encore plus vite, ce ne devrait donc pas être un handicap. On va rouler sur des circuits prestigieux, cela donne encore plus envie et la motivation aidera à franchir plus rapidement les étapes nécessaires pour bien comprendre une nouvelle piste. »
Qu'attends-tu de la saison 2012 en Championnat du Monde ?
« G-Drive Racing by Signatech Nissan est un top team dirigé par Philippe Sinault qui a une grande expérience de la course et j'ai 2 coéquipiers, Pierre Ragues et Roman Rusinov, qui sont très performants, ce n'est donc pas utopique d'espérer se battre pour la victoire : c'est ce que nous voulons tous ! Je veux également continuer à apprendre et à engranger un maximum d'expérience pour être fin prêt l'année prochaine, même si je sais qu'on apprend tous les jours. J'ai la chance d'être bien entouré et je veux en profiter ! »
Prochain rendez-vous de Nelson Panciatici avec l’endurance le 26 août prochain pour les 6 Heures de Silverstone, quatrième manche du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA.
Propos recueillis par Cécile Bonardel
Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), PLACE DE LA REPUBLIQUE, 24 HEURES DU MANS, LUNDI 11 JUIN 2012, PESAGE. Nelson Panciatici a reçu le prix du meilleur débutant lors des dernières 24 Heures du Mans.