La Super Saison 2018-2019 a été unique pour plusieurs raisons, et "Super" à tout point de vue !
Disputée sur 14 mois afin d'aboutir au nouveau format de calendrier décalé, cette saison comptait deux visites à Spa-Francorchamps et au Mans, un retour couronné de succès à Sebring (Etats-Unis) pour un week-end partagé avec l'IMSA, 86 heures de course, deux anciens Champions du Monde de Formule 1 sur la liste des engagés, une incroyable compétition dans toutes les catégories et une Super Finale où l'on a vu 17 concurrentes LMGTE Pro à la lutte roue dans roue pour la victoire. Toyota, Porsche, Signatech Alpine et Team Project 1 ont fêté les titres bien mérités, car conquis de hautes luttes. Et le Championnat du Monde d'Endurance FIA (WEC) aborde sa huitième saison avec optimisme et confiance.
LMP1 : le règne Toyota
Toyota étant le seul constructeur LMP1 utilisant la technologie hybride, la marque japonaise a dominé sans grande surprise cette Super Saison, et a été le premier à franchir le drapeau à damier à l'issue de chaque manche. Mais il faut aller bien au-delà de cette première impression : les nouvelles équipes privées engagées en LMP1 ont, en fin de saison, poussé dans leurs derniers retranchements des TS050 hybrides pourtant largement éprouvées. Toyota décroche finalement son deuxième titre mondial en WEC à l'issue de l'avant-dernière manche, avec une marge confortable sur son suivant immédiat.
Aux côtés des cinq habitués des excellents équipages figurait Fernando Alonso. Le double Champion du Monde de Formule 1 a apporté au WEC bien plus que son statut de pilote de statut mondial, s'adaptant parfaitement à l'endurance et à tous ses aspects, jusqu'à devenir un membre éminent de la grande famille du WEC. Avec 5 victoires en 8 manches - dont les deux éditions des 24 Heures du Mans au calendrier - l'Espagnol a remporté le Championnat du Monde avec ses deux coéquipiers Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima. Ce dernier devient le tout premier pilote japonais à remporter un titre de Champion du Monde FIA.
Le trio de la Toyota TS050 HYBRID n°8 n'a cessé d'être aiguillonné par ses compagnons d'écurie de la n°7. José Maria Lopez, Mike Conway et Kamui Kobayashi n'ont jamais été aussi forts que lors de la Super Finale, avec une chevauchée de 23 heures en tête. Une cruelle déconvenue les a vus terminer deuxièmes d'une course qu'ils auraient largement mérité de gagner.
Fernando Alonso n'a pas été le seul grand nom présent en WEC cette saison : chez SMP Racing, on a vu à l'œuvre l'ancien Champion du Monde F1 Jenson Button, ainsi que Stoffel Vandoorne. Le Belge a signé deux podiums en autant de courses et a lui aussi su bien - et rapidement - s'adapter à l'endurance. En termes de résultats, Rebellion Racing a connu des fortunes diverses, même si le jeune Français Thomas Laurent s'est suffisamment distingué pour s'attirer les faveurs de Toyota, qui en a fait son pilote de réserve pour la Saison 8.
LMGTE Pro : Porsche couronné
Au fil d'une Super Saison réunissant cinq constructeurs GTE (Aston Martin, BMW, Ferrari, Ford, Porsche), ainsi que Corvette Racing sur 50 % du calendrier, une compétition acharnée était garantie ! Si, à l'exception de Corvette et BMW, tous ont décroché au moins une victoire, les deux 911 RSR de Porsche ont connu le plus de réussite et se sont montrées les plus régulières. Ce qui vaut au constructeur allemand son deuxième sacre mondial depuis 2015 en Championnat du Monde des Constructeurs GT.
Le Championnat du Monde des Pilotes GT a été des plus disputés et ne s'est joué que lors de la Super Finale. Kévin Estre et Michael Christensen (Porsche) ont fêté leur premier titre mondial avec deux victoires, dont l'une mémorable aux 24 Heures du Mans 2018, et quatre autres podiums. Une régularité dument récompensée, malgré une Super Finale en dents de scie au Mans, qui a vu le duo franco-danois relégué à la dixième place de la catégorie après avoir rencontré des problèmes d'échappement pendant la nuit.
Egalement auteurs de deux victoires, Alessandro Pier Guidi, James Calado et leur Ferrari 488 GTE Evo (AF Corse), titrés en 2017, ont connu une remarquable seconde demi-saison qui leur a valu de rester dans la course au titre. Leur victoire aux 24 Heures du Mans est aussi, au grand soulagement du camp italien, la première de Ferrari dans la Sarthe depuis 2014.
Les victoires d'Aston Martin à Shanghai puis lors du second rendez-vous de la Super Saison à Spa-Francorchamps ont aussi été une belle délivrance, mais personne n'a pu contrecarrer Porsche, solide du début à la fin. Ford et BMW ont tiré leur révérence en WEC à la fin de cette Super Saison, le constructeur américain après quatre années de beaux succès, et l'allemand au bout d'une saison seulement.
LMP2 : Signatech Alpine ne lâche rien !
Pendant l'essentiel de cette Super Saison, le Trophée Endurance FIA de cette catégorie a longtemps semblé promis à Jackie Chan DC Racing, l'écurie chinoise remportant cinq victoires sur huit courses. Mais l'équipe française Signatech Alpine Matmut sait comment remporter un titre, et n'a jamais baissé les bras dans sa quête d'un deuxième sacre en trois ans. Nicolas Lapierre, André Negrão et Pierre Thiriet ont joué de main de maître la carte de la régularité, et les points de leur victoire lors des deux éditions des 24 Heures du Mans ont permis de faire pencher la décision finale en leur faveur. La savante combinaison de jeunesse, de passion et d'expérience dans cette catégorie réunissant professionnels et gentlemen-drivers a offert de belles courses tout au long de la saison. L'écurie américaine DragonSpeed s'est invitée à deux reprises sur le podium avant de signer sa première victoire à Spa-Francorchamps (2019). Racing Team Nederland a réalisé de beaux coups d'éclats pour sa première saison, et reviendra plus compétitive et plus expérimentée en 2019.
LMGTE Am : première saison de rêve pour Team Project 1
Porsche a gagné en LMGTE Pro... tout come en LMGTE Am grâce aux efforts, au professionnalisme et à l'attitude positive de Team Project 1 et de ses trois pilotes Jörg Bergmeister, Patrick Lindsey et Egidio Perfetti. Pour l'écurie allemande, ce fut tout au long de la Super Saison une lutte contre l'équipe Dempsey-Proton Racing, engageant elle aussi des Porsche, et le résultat final aurait pu être fort différent si cette dernière n'avait pas enfreint le règlement pendant la première demi-saison, avec pour conséquence la perte des points acquis lors des quatre premières manches. Dempsey-Proton Racing a toutefois su rebondir avec trois victoires, mais c'est bien Team Project 1, exemplaire de régularité, qui remporte le Trophée Endurance FIA de la catégorie après avoir inscrit les points de la victoire lors de la Super Finale du Mans. Les écuries Aston Martin et Ferrari n'ont pu faire jeu égal avec Porsche en 2018-2019 mais nul doute que ces deux constructeurs joueront la revanche pour la Saison 8.