Jenson Button : « Enfant, si j’avais dessiné ma voiture de rêve, ce serait une Hypercar ! »
Voici un mois l’on apprenait que Jenson Button, champion du monde de Formule 1 en 2009, rejoignait la grille de départ du FIA WEC en 2024 au sein de l'équipe Hertz Team JOTA.
FIAWEC.com s'est entretenu avec le pilote britannique afin de lui demander ses impressions sur la prochaine saison du WEC et pourquoi il a décidé de réintégrer le plus grand championnat d'endurance au monde.
Bonjour Jenson, bienvenue en WEC !
« Merci, c'est une opportunité fantastique que m’offre le team Hertz JOTA. C'est une équipe que je suis depuis plusieurs années et j'ai de nombreux amis qui y travaillent. C'était une proposition tellement excitante de disputer un championnat qui est l'une des catégories les plus compétitives du sport automobile en ce moment... et de le faire avec une équipe privée qui se bat contre les grands constructeurs. »
Pourquoi avez-vous choisi de revenir en WEC aujourd’hui ?
« En fait, depuis la F1, je n’ai jamais arrêté la compétition. J'ai couru au Japon en Super GT, j'étais en WEC en 2018. J'ai essayé beaucoup de choses différentes... les 24 Heures de Daytona aussi. Mais avec des courses ponctuelles, vous avez l'impression de ne pas maximiser ce que vous pouvez réellement accomplir. Et vous ne tirez pas le meilleur de vous-même en procédant de cette manière. Je voulais donc faire une saison complète. On ne s'entraîne pas beaucoup en présaison et je voulais effectuer une saison complète pour voir ce que nous pouvions faire dans le WEC cette année. »
Parlez-nous de la mécanique des Hypercars - comment pouvez-vous les comparer à d'autres voitures que vous avez déjà pilotées ?
« Une F1, par exemple, est dotée d'une technologie de pointe et représente le summum de l'aérodynamique. Mais elles ne sont pas aussi avancées techniquement qu'une hypercar - une voiture LMDh possède un mode d’emploi de 38 pages pour simplement expliquer les fonctionnalités du volant ! Il y a tellement d'interrupteurs que l'on peut régler beaucoup de choses différentes pour un même problème. Pour un pilote il y a beaucoup à apprendre. Évidemment, la conduite le pilotage est le même, mais il y a tellement plus de choses que vous pouvez régler dans la voiture pour résoudre un problème que vous rencontrez sur la piste - c'est stupéfiant ! Il faut un certain temps pour s'y habituer.
Vous avez participé à la dernière manche de l'IMSA la saison dernière, comment cela s'est-il passé ?
« Oui, j'ai participé au Petit Le Mans à Road Atlanta. J'ai eu une journée d'essais avant la course et je me suis habitué assez rapidement à la voiture. Mais c'est la maîtrise de toute la technologie qui prend du temps. On a l'impression qu'il y a 20 interrupteurs pour une même chose, mais ils agissent tous légèrement différemment. Ces voitures sont très intelligentes - elles apprennent au fur et à mesure que vous les conduisez. Vous pouvez mettre le doigt sur certaines parties des données que vous voulez modifier et elles changeront sans que vous ayez à toucher à quoi que ce soit. Il faut un autre type de pilote. Il y a des compétences sur la piste, mais il faut aussi posséder des talents d’ingénieur. »
Le fait de sauter dans une voiture vous procure-t-il toujours la même excitation qu'à vos débuts en karting ?
« Oui, c'est toujours la même chose que lorsque j'ai piloté un kart pour la première fois à l'âge de huit ans. Il y a juste un peu plus de choses à faire, mais cela devient une seconde nature quand on connaît vraiment les systèmes. J'ai l'impression que j’ai encore un peu de chemin à faire. Le pilotage est la partie que nous adorons tous et vous contrôlez toujours la voiture avec vos pieds, vos mains et vos fesses en termes de sensations - cela n'a pas changé. Et je dois dire que les Hypercars sont les voitures les plus cool qui soient - vous savez, si j'avais dessiné une voiture quand j'étais enfant, ça aurait été une Hypercar ! »
En 2024, vous retournerez au Mans avec le WEC pour la troisième fois - quelle est votre expérience de cette course ?
« J'avais l'habitude de regarder Le Mans dans les années 80, alors retourner au Mans et courir dans le WEC est une sensation très particulière. L'atmosphère d'équipe qui règne est très différente de celle de la F1, où votre équipier est la première personne que vous devez battre. En Endurance, vous travaillez avec vos équipiers pour développer la voiture et gagner des courses. Tout le monde pense que Le Mans n'est qu'une course d'endurance et que les gens vont se la couler douce - mais ce n'est pas le cas, tout le monde roule à fond pendant 24 Heures ! De plus, tout le monde est déjà éveillé depuis une quarantaine d'heures - on ne se réveille pas comme ça pour aller courir. C'est émotionnel et c'est le mot que j'utiliserais pour décrire Le Mans. Que vous gagniez ou perdiez, que vous soyez victime d’un accident ou que vous terminiez, vous avez envie de pleurer ! Vous avez traversé tellement d'épreuves avec vos équipiers que vous célébrez la fin de la course. C'est ce que j'aime le plus. C'est une course difficile pour le pilote et la machine. Je n'arrive pas à croire que je n'y ai couru que deux fois, mais j'ai hâte d’y ajouter quelques éditions au cours des prochaines années.
Jenson Button sera au départ de la course d'ouverture de la saison, les Qatar 1812km, du 1er au 2 mars.