Philippe Sinault : “C’est un moment clé de l’histoire de notre sport”
Photo: WEC
Retour

Philippe Sinault : “C’est un moment clé de l’histoire de notre sport”

Philippe Sinault, team principal d’Alpine Elf Endurance, évoque le retour en LMP2 de l’équipe française. Le fondateur de Signatech partage son impatience à concourir dans la catégorie Hypercar dès l’an prochain avec la LMDh au A fléché.

Philippe Sinault se souvient “comme si c’était hier” de sa première participation aux 24 Heures du Mans. En 2009, son équipe, alors nommée Signature, engageait une Courage-Oreca LC70E confiée à Pierre Ragues, Franck Mailleux et Didier André. Le trio 100% français signait une honorable 11e place au général. “Je me souviens d’être arrivé par l’Entrée Nord du circuit et d’avoir eu le ventre qui se serrait, comme lorsque l’on se présente à un examen !”

Sous la bannière Signatech-Alpine, Philippe décrochera trois victoires au Mans dans la très disputée catégorie LMP2 (2016, 2018 et 2019) avec ses prototypes bleus. C’est un aboutissement, un rêve”, sourit Philippe.Même si c'est une victoire ‘de catégorie’, elle vient récompenser le travail de toute une équipe pendant plus d'un an.En 2021, Philippe se voit décerner le Spirit of Le Mans, attribué aux hommes et aux femmes incarnant le mieux l’esprit de la course automobile. “Ça a été une immense fierté que l'organisation de cette épreuve mythique et ses acteurs reconnaissent en moi un bon ambassadeur, et quelqu'un qui a les valeurs de cette course ancrées au plus profond de moi-même”, souligne Philippe. “Ça vous procure une extrême motivation et ça donne beaucoup de sens à notre engagement.”

Après deux saisons disputées avec l’Alpine A480, une LMP1 non-hybride autorisée à concourir dans la catégorie Hypercar, Alpine a pris la décision de retourner en LMP2. L’équipe mène de front un engagement à deux voitures en FIA WEC et le développement de la LMDh amenée à concourir dès l’an prochain. “Nous avons fait preuve de courage en empruntant cette voie parce que c'est un programme excessivement chargé”, observe Philippe. “C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous engageons deux voitures en LMP2, pour se préparer au mieux à ce qui nous attend en 2024.”

Le team principal d’Alpine concède néanmoins que le début de saison n’est pas à la hauteur des ambitions de l’équipe. Les Alpine n°35 (Olli Caldwell - André Negrão - Memo Rojas) et n°36 (Julien Canal - Charles Milesi - Matthieu Vaxivière) n’ont jamais été en position de jouer la victoire de catégorie. “Nous arrivons à être performant en course, puisque nous y avons signé deux fois le meilleur temps de la catégorie (grâce à Charles Milesi, à Sebring et Spa)”, souligne Philippe. “Mais le temps que l'on rattrape nos concurrents en termes de mise au point et de connaissance des pneumatiques, c'est déjà un peu tard et un écart s'est déjà creusé.” Philippe estime qu’Alpine a tiré les enseignements des trois premières manches de la saison et se montre optimiste pour Le Mans. “On espère que l'on aura un peu plus de réussite parce qu'elle nous fuit depuis le début. Il ne nous manque pas grand-chose pour revenir dans le match. Je pense et j'espère de tout coeur que ce sera au Mans. On se doit d’y décrocher un bon résultat. Nous serons très contents si nous montons sur le podium.”

Après le double tour d’horloge sarthois, Alpine va embrayer sur la deuxième partie de saison du FIA WEC et intensifier le développement de son Hypercar. La LMDh française, dont la conception du châssis est confiée à Oreca et l’élaboration de l’unité de puissance à Alpine Racing, va effectuer ses premiers roulages cet été. “Nos partenaires travaillent comme des fous et font preuve d’un engagement incroyable et je leur tire mon chapeau.” Oreca n’en est pas à son premier coup d’essai en termes de conception d’un châssis pour prototype LMDh. Le constructeur français a fourni celui de la très performante Acura ARX-06, concourant en IMSA. “Cela nous conforte dans le fait que l’on a effectué le bon choix”, glisse Philippe. “Il y avait une forme de logique au regard du partenariat qui nous anime depuis très longtemps avec Oreca. Ils savent faire. Ce sont des professionnels ultra-qualifiés.”

En 2024, deux prototypes à la livrée bleue Alpine grossiront les rangs d’une catégorie Hypercar d’ores et déjà très riche. Avec les arrivées prévues de Lamborghini et de BMW, le FIA WEC promet un spectacle en piste sans précédent. “C'est la première fois qu'une plateforme va accueillir autant de constructeurs impliqués sur un même championnat”, se réjouit Philippe. “C'est un moment clé de l'histoire de notre sport. Je me sens privilégié de participer à ce championnat avec un tel engagement des constructeurs et un tel niveau sportif. J'ai hâte de rentrer dans la bagarre et la mêlée en 2024 !”

Bastien Cheval